Sorti en 2011, les Lettres de Whitechapel permet à un joueur d’incarner le célèbre tueur en série qu’est Jack l’Éventreur alors que les autres endossent le rôle des policiers qui vont tenter de trouver sa tanière avant qu’il ait terminé sa sinistre série d’assassinats et qu’il disparaisse dans les ombres du quartier de l’East End. Particulièrement difficile pour les « bobbies » si le joueur incarnant l’Éventreur a un tant soi peu de jugeote, le challenge reste particulièrement intéressant pour les policiers, même si les échecs à répétition peuvent démotiver plutôt que d’avoir envie de ressortir le jeu et essuyer un nouvel échec.
Car en effet, Jack, outre le fait qu’il est invisible au yeux des policiers, dispose de certains atouts qui vont encore complexifier sa traque. Il voit tout et peut donc agir en conséquence, contrairement aux policiers, aveugles, qui ne peuvent se reposer que sur leur flair et les éventuelles traces laissées par le passage de Jack dans différentes rues de Whitechapel.
Le jeu, même s’il reste fort intéressant, peut s’avérer donc rapidement frustrant pour les policiers. Un problème d’équilibre ?
« Cher Patron, »
C’est de cette façon que débute une des lettres les plus célèbres de l’Éventreur, lettre reçue par le Central News de Londres le 27 septembre 1888. Elle est signée Jack The Ripper et l’auteur indique être celui ayant commis les meurtres violents des semaines passées. Cette lettre est transmise à Scotland Yard le 29 septembre.
Et c’est aussi le nom de cette extension.
Alors, qu’y trouve-t-on ?
La boîte est au même format que le jeu de base. Comme d’habitude, on retrouve à l’intérieur le même « remplissage par le vide » qui peut exister dans certaines productions EDGE. Choix qui peut paraître d’autant bizarre que, dans certaines de leurs gammes, par exemple l’excellentissime « Les Contrées de l’Horreur », certaines extension sortent en au format petite boîte lorsque le contenu ne justifie pas le choix d’une grande boîte. Ici, souci d’homogénéité ? Difficile de savoir.
À l’intérieur, deux pages recto-verso avec les nouvelles règles, un paquet de cartes format tarot, un nouvel écran destiné au joueur qui incarne Jack et qui comportes quelques informations utiles, lui évitant de retourner voir certains détails dans le livre de règles et donc de briser le rythme de la partie.
Et un sachet avec des pions en plastiques. Moi, j’aimais bien les pions de la boîte de base. Alors certes, ils étaient peut-être moins représentatifs, mais je trouve qu’ils collaient parfaitement à la sobriété du jeu. On a donc le droit ici à des petits pions d’environ deux centimètres de hauteur, aux moulages plutôt corrects. Mais alors les couleurs, comment dire :
Ah ben ça, pour être tranché, c’est tranché. On peut difficilement faire plus vif et criard. Je trouve ça un peu dommage, parce que, de mon point de vue, cela ne contribue pas à la mise en situation et à l’atmosphère tout en flou, en brouillard, en silhouettes furtives et en incertitude qui est de mise lorsqu’on évolue dans ce sombre quartier. Alors les Bobbies rouge vif et bleu roi, je trouve qu’ils font un peu (complètement ?) tâche dans le contexte.
Mais cela reste de l’ordre du « détail » et rien ne vous empêche de jouer avec les pions de la boîte de base (choix personnel, en tout cas).
Qu’en est-il de ces nouvelles règles ?
C’est là le plus intéressant, parce qu’en fait, ces nouvelles règles sont des nuances toutes en petites touches qui permettent de corriger les déséquilibres de la boîte de base. Ces différents éléments sont tous ajustables et permettent d’adapter la difficulté de la partie en fonction de la perspicacité des uns et des autres.
Tout réside dans les cartes fournies dans l’extension. Celles-ci sont de différent types. Il y a les cartes Policier, Suspect Jack et Victime Potentielle. L’utilisation de ces cartes permet de faciliter (où à l’inverse, de complexifier) la tâche d’un des deux camps. Si on rajoute à ça l’apparition de nouvelles règles (comme Pagaille ou Foncer) cela permet réellement d’ajuster le niveau de difficulté de la partie et de permettre d’avoir un affrontement équilibré entre les deux camps.
Et c’est vraiment ce qui manquait au jeu de base pour en faire un excellent jeu. Le sentiment de frustration qui existait auparavant est ici gommé par l’introduction de ces toutes nouvelles options et possibilités.
En conclusion ?
Si on se donne la peine de bien équilibrer la partie (parce qu’il faut prendre le temps de choisir quelles sont les nouvelles règles et options que l’on va intégrer dans la partie) Cher Patron permet – enfin – de profiter pleinement du jeu.
La traque entre les policiers et Jack prendra alors toute sa saveur. Et c’est tant mieux. Cher Patron est donc la clef à molette qui permet d’ajuster le ronronnement du jeu.
Il est juste dommage qu’il ait fallu attendre aussi longtemps afin de pouvoir en profiter.
Une chose importante, également : penser à inverser les rôles. Parce qu’autant il peut être intéressant de traquer Jack et de réussir à la coincer, jouer le rôle de l’Éventreur provoque un sentiment très particulier et plutôt jouissif.
Et sinon, vous ne trouvez quand même pas que les pions de la boîte de base sont plus dans le ton que ceux de l’extension ?
Cher Patron, une extension pour les Lettres de Whitechapel.
EDGE/ASMODÉE.