Développée et améliorée sans cesse depuis la création de son premier opus, la licence Assassin’s Creed n’en fini plus de ravir son public, gagnant à sa cause de nouveaux gamers au fil des parutions.
Certes, le cœur même du jeu se déroule dans le passé, à différentes époques, et ne présente aucune caractéristique fantastique en comparaison avec d’autres sagas, néanmoins, l’axe principal et fil conducteur qui relie chaque opus est basé sur un principe très SF. Se démarquant de ses concurrents par un graphisme très soigné, vanté comme unique et presque révolutionnaire lors de sa sortie, le jeu Assassin’s Creed 1 a tenu ses promesses d’alors ouvrant la voie à une saga de haute qualité.
De nos jours, Desmond Miles, barman new-yorkais au passé trouble, se retrouve prisonnier du mystérieux groupe Abstergo. Gardé dans une salle hi-tech au sommet d’un immeuble anonyme, il ne peut qu’écouter les arguments du scientifique Warren Vidic et de son adjointe Lucy, responsables du projet Animus. L’Animus désigne une machine qui permet au sujet qui s’y prête d’entrer en résonnance avec les souvenirs de ses ancêtres grâce au patrimoine génétique commun. Autrement dit, Warren veut que Desmond devienne son rat de laboratoire car il y a dans ses gênes les secrets de son ancêtre et que l’un d’eux intéresse tout spécialement Abstergo. La collaboration de Desmond est vivement souhaitée et même obligatoire s’il ne veut pas se retrouver plongé dans un coma artificiel pour que le projet soit mené à bien malgré tout. Réticent mais prisonnier, Desmond se laisse convaincre, dans un premier temps.Placé dans l’Animus, il se retrouve dans la peau de son aïeul du 12e siècle, Altaïr Ibn La-Ahad, membre d’élite de la Confrérie des Assassins soudainement mis au ban des siens après une bavure. Pour regagner son rang d’Assassin et la confiance des siens, Altaïr va devoir voyager en Terre Sainte, entre Marsyaf, Damas, Saint-Jean d’Acre et Jérusalem, pour tuer neuf cibles, toutes très influentes et proches du roi Richard Cœur de Lion, y compris le plus farouche opposant de la Confrérie, chef des Templiers, Robert de Sablé. Peu à peu Altaïr va mettre au jour un vaste complot au cœur duquel les Assassins et les Templiers se disputent un Artefact à la magie inimaginable, l’Orbe d’Eden.
Le décor est planté… et particulièrement soigné. En effet, la promesse marketing d’Assassin’s Creed est tenue. Dès les premières images, le joueur est immergé dans un graphisme superbe, soigné au détail près à la fois dans les cinématiques et dans les phases de jeu. Que ce soit dans les entrailles du Temple de Salomon, lieu de bavure pour Altaïr, dans la forteresse des Assassins à Marsyaf, le bureau du chef de la Confrérie Al Mualim, sur les chemins menant aux diverses villes, dans les rues, les ports ou sur les toits des fortifications et des habitations, le joueur ne peut que se plaire et apprécier la belle diversité esthétique qui renforce son immersion par une suite de plusieurs atmosphères auxquelles il faut se mêler pour être le meilleur des tueurs. L’attention portée aux contrastes de lumière ajoute une subtilité et un réalisme supplémentaire.
Le travail sur les personnages, principaux comme secondaires ou figuratifs, n’est pas en reste. Détails des vêtements, démarches, visages, expressions, armements, rien n’est laissé au hasard. Les armes d’Altaïr sont séduisantes et permettent un large choix d’actions : épée (classique), lame courte, couteaux de lancer (pour tuer en restant à distance et caché), lame secrète idéale pour l’assassinat (la plus fun mais pas aisée à utiliser suivant les situations). Le doublage VF est de qualité, bien joué en général même si on perd la subtilité des accents présents dans la VO (parlent anglais avec l’accent français ou arabe etc…). Les différentes personnalités des protagonistes ajoutent au réalisme du jeu et de l’intrigue. La musique est centrée sur cinq thèmes majeurs qui soutiennent les différentes phases d’action et mettent en relief le contexte historique et géographique, elle s’apprécie naturellement de même que les autres éléments de la bande son même si certains bruitages subtils manquent un peu (bruits de pas…).
Le gameplay est ouvert car le joueur peut choisir sa manière de se déplacer (à cheval, à pied, marche, course, sprint, escalade), où se déplacer (sur les routes, dans les rues, sur les toits), avec quelle arme tuer (au choix parmi 4 type d’armes qu’il faut acquérir au fil des succès de chaque mission d’assassinat), dans quel ordre mener les enquêtes (les villes où se rendre, les cibles et le genre d’enquête sont indiqués sur le guide GPS, on peut choisir qui aller voir en premier etc…), quelles missions secondaires accepter ou pas (sauver un citoyen des brimades de gardes ennemis et y gagner le soutien d’habitants de la ville qui peuvent aider lors des fuites ou des combats dans les rues, grimper au sommet de tous les points d’observation ou seulement ceux nécessaires à l’avancée du jeu, relever les défis de certains informateurs). L’ensemble des mouvements et donc la manière dont agit Altaïr est laissé à l’appréciation du joueur essentiellement grâce à deux types de profil : actif (mode assassin en quelque sorte) ou passif (anonymat, espionnage). De cette manière, le joueur peut agir vite et foncer dans le tas ou bien rester discret un maximum de temps et faire durer le jeu.
Des épisodes de reprise de conscience de Desmond sont insérés entre certaines missions de son ancêtre. Ce sont des séquences dans lesquelles le joueur n’intervient presque pas, sauf pour encourager les dialogues ou dénicher de maigres indices sur Abstergo et ses réelles intentions. De cette façon, on avance également dans l’intrigue du présent de sorte que le jeu se termine sur une promesse de suite car les aventures de Desmond ne font que commencer.
Pour un gamer débutant, Assassin’s Creed 1 est un bon jeu, même addictif à mesure qu’on avance et s’adapte à sa structure. Pour un autre joueur, le squelette scénaristique peut paraître classique de chez classique. Car le schéma reste le même pour chaque assassinat : aller dans la ville où réside la cible, trouver les points d’observation qui mettent à jour la carte et ouvrent les accès aux quartiers qu’il faut visiter, aller au bureau de la Confrérie, trouver les cibles à espionner, molester, voler puis procéder à l’élimination de la cible principale et retourner faire son rapport au bureau puis à Marsyaf. Cette répétition a l’avantage de respecter le principe de jeu le plus courant, d’offrir un certain confort tout en mettant en avant la liberté du gameplay. Subtilités tout de même : plus Altaïr rencontre de succès dans ses missions, plus les gardes ennemis sont aux aguets et rendent complexe l’exécution des assassinats suivants, de même que les cibles au statut plus important sont des adversaires plus forts et mieux protégés.
Jouer sur Pc a un avantage : la version Director’s cut propose des missions supplémentaires sous la forme de défis lancés par des frères assassins en échange d’informations : course sur les toits, assassinat d’archers ou de templiers dans la plus grande discrétion, destruction d’étalages ou escorte d’un frère.
Néanmoins, une manette semble indispensable pour maîtriser les techniques de combat : il faut déjà une bonne coordination pour user au maximum des attaques, contre-attaques et esquives totalement nécessaires pour abattre certains adversaires.
Les désagréments notés peuvent être techniques (pas de sauvegarde où le souhaite le joueur mais automatiques, pas pratique, durée de vie d’Altaïr qui se réduit parfois très vite face à un ennemi de taille) ou stylistiques (répétition du schéma général, pas de grande variété dans les phrases types lancées par les gardes ennemis ou les citoyens sauvés, passages par les routes pour gagner les villes au début du jeu qui offrent peu d’intérêt à moins de provoquer sciemment l’ennemi, difficile voir impossible de bondir pour tuer avec la lame courte comme dans la cinématique de présentation).
Assassin’s Creed 1 est un bon jeu qui pose les bases d’une saga avec pureté et une qualité encore peu courante dans les nouveaux jeux du marché. Le pari d’Ubisoft est remporté haut la main car sitôt cet opus terminé, on veut absolument passer aux suivants !
Assassin’s Creed I – Ubisoft
2007
PC / PS3 / Xbox 360
De 8 à 15 euros env