Vers l’infini…
Horizons lointains est déjà le troisième supplément thématique d’Aux Confins de l’Empire traitant d’une Carrière proposée dans le livre de base : c’est cette fois-ci celle de Colon qui est mise à l’honneur ! Il faut bien avouer que ce métier semble peu aisé à jouer du fait de sa grande spécificité – et le supplément (sous-titré le Manuel des Colons) fait donc le choix d’en développer les potentialités de façon approfondie.
… et au-delà.
Si Au Cœur de l’Inconnu proposait d’explorer le versant pulp de Star Wars (rapprochant l’univers d’une version space opera d’Indiana Jones), Horizons lointains se concentre quant à lui sur l’aspect western de cette galaxie lointaine.
En effet, les Colons sont des individus qui s’installent sur des mondes encore inexploités afin d’y démarrer une nouvelle existence et de profiter de toutes les opportunités pour s’y enrichir. Il y a donc clairement un côté « ouest sauvage » dans ce supplément : une métaphore qui est prise à bras le corps tout au long de l’ouvrage.
Ainsi, les nouvelles races proposées sont : les Arcona, des reptiliens très organisés (voire psychorigides) qui font donc de bons gestionnaires ou garants de l’ordre dans une colonie ; les Chevin, des commerçants implacables (pratiquant sans remords le trafic d’esclaves) aptes à faire vivre l’économie de leur communauté ; les Gran, de paisibles travailleurs qui trouveront aisément leur place dans les champs ou à la mine. Trois espèces taillées pour la migration dans l’espace sauvage, à la découverte et la colonisation de nouveaux mondes – aux côtés de bien d’autres races déjà présentes dans les autres ouvrages de la gamme.
Puis la Carrière de Colon se voit adjoindre trois Spécialités supplémentaires : le Marshal fait régner l’ordre dans sa colonie, il est le rempart de la loi (et le nom même rappelle furieusement le western) ; l’Entrepreneur est là pour faire marcher le commerce local et attirer les investissements ou exploiter les richesses présentes (tel un propriétaire terrien ou un gérant de mines) ; l’Artiste amène un peu de distraction à ces confins de la galaxie, qu’il soit danseur ou chanteur dans une cantina miteuse.
Tout cela est complété par un catalogue de matériel destiné à faciliter la colonisation ou la sécurisation d’une colonie déjà établie – avec comme toujours de nouveaux accessoires et équipements, des véhicules de toutes tailles, des armes diverses et même des droïdes.
The good old west
Le chapitre de conseils donne alors les clés pour utiliser tout cela. Réellement pratique, il fournit d’innombrables pistes pour jouer à Aux Confins de l’Empire façon Deadwood ou Hell on Wheels : comment impliquer les Spécialités de la Carrière de Colon dans un tel mode de jeu, comment y adjoindre les autres Carrières, comment articuler ça avec l’Empire ou les diverses factions de la Bordure extérieure, etc. Les textes sont concrets et assortis d’exemples multiples – mais aussi de synopsis faisant le focus sur tel ou tel aspect de la démarche, voire parfois de plans de campagne à développer ensuite soi-même (pour les meneurs de jeu n’ayant pas peur de mettre la main à la pâte).
Cerise sur le gâteau : des règles permettent de gérer son établissement au sein de la colonie – qu’il s’agisse d’une cantina, d’un commerce, d’une entreprise d’import-export… Cette option remplace le vaisseau des personnages et leur permet de disposer d’une infrastructure propice à de nombreuses intrigues. Horizons lointains offre d’ailleurs la possibilité de jouer à Aux Confins de l’Empire en mode « bac à sable » : la table crée la colonie, les personnages occupent des postes en vue (le maintien de l’ordre, la gestion des ressources…) et chacun fait alors face aux aléas de la vie sur une planète sauvage où tout reste encore à faire – réglant les problèmes au jour le jour avec les moyens du bord.
Et de trois !
Ce troisième supplément de Carrière reprend le même canevas que les précédents mais aussi la même présentation – couverture cartonnée, pages en couleur, nombreuses et sublimes illustrations… C’est du matériel luxueux, comme toujours avec cette gamme.
Horizons lointains s’avère toutefois plus riche au niveau du contenu que ses prédécesseurs. Alors que la Carrière de Colon pouvait faire craindre un supplément guère intéressant, il se révèle au contraire rempli d’idées et de conseils avisés qui amènent Star Wars à tutoyer le genre classique américain par excellence – le western (mâtiné de planet opera). Ce faisant bien sûr, il twiste légèrement le postulat de base d’Aux Confins de l’Empire : ici, les personnages sont invités à rester sédentaire et à gérer leur colonie au lieu de sillonner la Bordure extérieure en quête d’aventures.
Si toutefois un tel angle de jeu vous intéresse, alors Horizons lointains est un excellent supplément qui permettra de gérer aisément des campagnes coloniales en mode « bac à sable ». Original, bien conçu et sans remplissage inutile, il s’agit pour le moment du meilleur des trois ouvrages de Carrière parus à ce jour.
Horizons lointains
Un supplément au jeu Star Wars – Aux Confins de l’Empire édité par Edge
96 pages
32 € 95